« La vérité du sol », réalisé par François Legrand, sort ce 22 novembre dans les salles belges. Mais moi, parce que je suis un veinard, j’ai pu visionner le film-documentaire avant tout le monde. Le verdict ? J’ai ri. J’ai pleuré. J’ai aimé…
Sadhguru, un guru mystique indien, maître yogi et guide spirituel qui compte des millions d’adeptes à travers le monde, a récemment écrit cette citation à propos du sol. « La racine de toute vie est dans les sols. Sans sauver les sols, il n’y a pas moyen d’aborder les problèmes tels que le changement climatique, le réchauffement planétaire et la pollution des océans ».
Interviewée à Paris par François Legrand, Vandana Shiva (scientifique, écoféministe, écrivaine et conférencière), apparaît, le regard vif, en introduction. Ancrée, percutante, inspirante, alignée. « Ne laissons pas l’extinction se produire (…). La biodiversité doit remplacer les poisons sur le devant de la scène (…). Avoir des esprits souverains, là est la vraie liberté. La vraie indépendance ».
Des esprits libérés. Des sols restaurés. Tout est lié. A l’heure actuelle, la réalité est implacable : il est urgent de prendre soin du sol. Maltraité par l’agriculture intensive à coups de produits chimiques divers et (hélas) variés, il agonise. « Loin des yeux, loin du cœur », souffle Jean-Thomas Cornélis, professeur de science du Sol (University of British Columbia à Vancouver). « Nos sols agricoles perdent constamment de l’humus », poursuit Rudolf Köchli, ingénieur agronome et fondateur de la Ferme Arc en Ciel à Wellin. « Ils sont parfois sous la barre des 1%. Sans engrais synthétiques, on mourrait de faim en Europe ».
Un uppercut, ces propos. Oui, sans engrais synthétiques, rien ne pousserait dans des sols quasiment morts et mis sous perfusion chaque année. Sauf que vivre avec des perfusions, cela dure un temps. Un peu comme quand on se retrouve à l’hôpital après un accident ou une opération. On nous relie à ces petites poches bien pratiques…provisoirement. Imaginez-vous vivre avec des perfusions toute l’année ou presque. Depuis des dizaines d’années en réalité. Voilà ce que l’agriculture intensive fait subir à notre Terre. Une sorte d’enfer…mement terrible et nauséabond. Impossible d’être autonome, de se régénérer, de se connecter à l’infinie intelligence du vivant.
On ne connaît aujourd’hui qu’environ 10% de ce qu’il se passe réellement dans le sol. Des millions ou milliards d’interactions qui s’y produisent entre les bactéries, micro-organismes, mycélium (ce champignon permettant aux plantes de communiquer entre elles ! Infos complémentaires ici : https://permavenir.be/quand-les-arbres-nous-donnent-une-lecon-de-vie/), etc. « Le sol est vivant et on l’oublie », entend-on. En prendre soin, oui. Prendre soin de soi, aussi et surtout. Une prise de conscience subtilement amenée par les images et par les discours. Une vérité essentielle. Les intervenants se multiplient avec Claude Bourguignon, Cécile Thibaut, Michaël Dossin, Serge Peereboom, etc. Les discours ne sont pas seulement alarmistes. Ils invitent à la réflexion, à la remise en question. A l’introspection. A d’autres manières de fonctionner, de penser et d’agir.
Alors oui, j’ai (encore) pleuré. Les images montrées sont magnifiques (notamment filmées par un drone). Les personnalités entières et inspirantes. Puis j’ai ri, disais-je en introduction. Là je vous laisse la surprise. J’ai espéré, aussi. J’espère toujours et à jamais. Que les liens puissent se tisser et les actes se matérialiser afin de restaurer nos précieux sols. Notre précieuse Terre. Notre mère à toutes et tous.
J’ai lu récemment dans « La prophétie des abeilles » de Bernard Werber que l’humanité a, au cours de son histoire, « l’habitude de faire trois pas en avant et deux pas en arrière ». Le fait est qu’elle avance, malgré tout. Alors pourrait-on logiquement se dire que nous avons fait les deux pas en arrière ces dernières décennies ? Et que le mouvement vers l’avant est désormais en marche ? Il est en quelque-sorte programmé. Inévitable.
Voilà le message laissé par « La vérité du sol » : l’espoir au-delà du constat alarmiste. La nécessité de s’occuper des sols et, plus largement, de la biodiversité. De la vie. De soi. Se régénérer. Régénérer la Terre. La boucle est bouclée. Tout est lié.
A noter, enfin, que la production n’a pas encore trouvé de distributeur pour la France. Contact : francoispermavenir@gmail.com.
Pour le découvrir au cinéma : https://permavenir.be/laveritedusol/
La bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=3D4nI6_Jw9g
La fiche du film sur Allociné : https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=321706.html
David Dejeneffe
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